Miracle au
château
Le vieux Lord Mac Neil vivait dans le manoir depuis bien trop longtemps et bien trop en solitaire pour se souvenir que dans le monde, on fêtait certains jours de l’année !
Il avait renvoyé depuis belle lurette (sa dernière maîtresse), ses serviteurs et vivait en ermite ou plutôt en Harpagon, car il se nourrissait du lait qu’il donnait aussi a ses chats et de temps en temps, allait chez le boulanger pour acheter une minuscule brioche ou un pain de mie qui lui durait au moins la semaine !
Lord Mac Neil était, vous l’aviez deviné, écossais !
Et un écossais de la vielle Ecosse, courbé par le poids des ans,
- en fait personne aux alentours ne savait son âge -!
On était en décembre et là-bas dans les (1) Highlands ça ne rigole pas avec le gel, la neige et le verglas ! L’hiver, la bruyère se cache pour pouvoir refleurir au Printemps, et les fantômes ont place libre pour danser la sarabande dans les vieux châteaux comme par exemple celui de Lord Mac Neil, de son petit nom Malcolm !
Ce soir du 24 décembre était donc pour lui tout à fait ordinaire !
Savait-il que partout se préparait une fête annuelle, que tous étaient, qui, à son fourneau en train de cuire des «mince pies», qui, au salon en train d’accrocher des décorations de Noël sur un sapin cueilli délicatement dans la plaine, pour éviter de dénuder la nature de ces sites grandioses.
Malcolm aurait pour tout dîner un grand bol de lait qu’il partagerait parcimonieusement
avec ses trois chats : Norbert, Molly, et Ketty.
Un demi-litre de lait en tout, une misère, alors que le coffre du château regorgeait de
richesses laissées par les vieux Mac Neil depuis des générations !
Il alla donc prendre son bol tout ébréché dans la cuisine encrassée car pas nettoyée depuis des âges intemporels !
Quelle ne fut pas sa surprise de trouver accoudé à la table de cette même cuisine, un homme, que dis-je, un gros homme, un bonhomme plutôt, tout de rouge vêtu et qui semblait dans la plus parfaite colère qui siérait à un écossais en colère !
Il l’interpella tout d’abord assez poliment :
« Mais que diantre fichez-vous dans MA cuisine mon bonhomme ? »
« Mais My Lord, j’attends mon petit goûter ! »
« Votre goûter ? Que me contez-vous là ? Je ne donne rien aux pauvres moi !
Et puis quel est donc cet habit de couleur unie sans aucune trace de «clan» ? ? »
Le «bonhomme» étouffa un rire et lui répondit qu’il n’appartenait à aucun clan, loin de là.
Mais en Ecosse le rouge est la couleur de la famille Stuart, famille dont Malcolm Mac Neil descendait par croisements de familles !
« Mon ami, vous ne faites pas partie des Stuarts, pour sur, car vous portez du rouge mais sans le quadrillage qui caractérise les clans », répliqua Malcolm comme s’il n’avait pas écouté un traître mot du discours de notre rouge bonhomme ! Malcolm commençait à se demander s’il avait la berlue ou si un de ses farceurs de grand-père n’était pas revenu pour essayer de lui piquer le trésor qui se trouvait derrière la deuxième brique en partant du haut de la cheminée, éteinte bien sur ! Il fallait appuyer avec une force de Titan que Malcolm n’avait pas ou plus pour déloger la pierre et sans doute invoquait-il cet état de fait pour expliquer son avarice !
Le bonhomme rouge reprit la parole :
« Lord Malcolm Mac Neil, sachez que je n’ai pas de «quadrillage » comme vous dîtes car je ne fais pas partie de la famille des (2)Royal Stuart mais de celle des (3)Royal Father Christmas, qui eux ne portent que du rouge uni ! Et puis où sont donc vos bottes ? »
« Mes bottes ? Mais voulez-vous bien laissez mes bottes où elles sont dans mon placard et elles y sont très bien d’ailleurs car je n’ai pas l’intention de sortir ce soir ! Les Royal Father Christmas ? C’est un nouveau clan qui vient de se créer ?»
« Non Lord Mac Neil, aucun nouveau clan, mais un clan éternel, vous faites honte à toute l’Ecosse car, avares sont les écossais, mais VOUS dépassez tout ce qui a pu être imaginé jusqu’à présent ! Vos petits enfants sont à Manchester et meurent de froid et de faim et vous allez les laisser passer Noël dans cet état ? »
Malcolm faillit s’étouffer à l’invocation de CES petits enfants !
IL s’assit dans un des fauteuils défoncés du salon.
«(4) La Shany, elle avait qu’à rester dans le coin sur la lande, au lieu d’essayer d’aller faire la «belle» à la ville ! A la ville, tout est cher et tout est pourri et ma fille a mal tourné Monsieur le bonhomme moralisateur ! »
Notre père Santa sentait le rouge lui monter aux joues, ce qui n’était pas bien difficile pour lui déjà si rougeoyant de nature ! Il savait que les rennes attendaient dehors et en fait il n’était pas venu apporter quoi que ce soit à cet immonde et égoïste Malcolm, mais essayer de voir s’il arrivait à le décider à revoir ses petits enfants et à leur payer au moins une petite dinde de Noël !
Il souffla, pouffa, et lança d’un ton sec :
« Malcolm, vous avez eu une dernière chance quand vous êtes mort d’obtenir votre Rédemption et je vois que vous la refusez ! »
Malcolm sursauta au mot « mort » ! ! !
Le vieux bonhomme reprit :
« Oui Malcolm, tu es MORT ! Ne te demandais-tu point comment tu survivais avec si peu de nourriture ?
Comment tu ne sentais pas le froid et comment tu ne t’étais même pas aperçu que Ketty elle aussi était morte, que tes autres chats sont sur le point de rendre l’âme ? » Malcolm était pâle mais là il devint blanc comme un linge, on évitera de dire comme un mort vivant !
Il ne voyait pas non, il ne voyait pas qu’il avait cessé d’être, sa vie avait été tellement miséreuse que le soir où il était passé de la vie à la mort, aucune transition n’avait été faite dans sa tête ou même dans son corps ! Malcolm s’était dématèrialisé tout simplement !
Le bonhomme Noël eut presque pitié de lui à le voir ainsi pantelant et exsangue (ce qui était la simple vérité en plus !) Il se dit qu’il valait mieux essayer de discuter calmement mais fermement sinon les pauvres chérubins n’auraient pas de Noël !
Il pesa bien ses mots puis déclara :
« Malcolm Mac Neil, j’ai une autorisation spéciale de là-haut de vous redonner une chance et vous racheter dans votre mort pour ce que vous n’avez pas su faire de votre vivant ! Je vous accorde de vous rematérialiser et d’aller derechef à Manchester voir vos petits enfants. Mais auparavant, il vous faudra descendre à Londres et aller chez (5)Harrods acheter les plus beaux jouets et les meilleures sucreries qui existent dans le royaume, pour ensuite remonter, avec moi dans mon traîneau, jusqu’à Manchester, aller frapper à la porte des Mac Logan, les bras chargés de cadeaux et le sourire au lèvres et le rouge aux joues( de cela je m’occuperai Malcolm avec un bon maquillage !) »
Le Lord était faible, il sentait que ce vieil homme avait une puissance magique ou divine, et qu’il ferait mieux de ne pas le contrarier car, ayant déjà perdu Ketty, il ne voulait pas perdre aussi Norbert et Molly son couple de chat restant et des chats avec pedigree qui plus est ! Il réfléchit, se tortilla dans son fauteuil, on aurait du qu’il passait l ‘épreuve du feu !
Il revit La Shany avec ses boucles rouges et son teint pâle de porcelaine ! Il avait vu un de ses petits enfants mais alors qu’il n ‘était qu’ « un paquet de chiffons enveloppé dans ses langes » ! !
Il eut peur tout à coup, car il avait encore gardé quelques notions de chrétienté et savait que l’enfer existait ! Il prit un grand souffle et soudain poussa un cri strident qui fit sursauter les rennes dans la cour du château !
« OUI, on va y aller, vous m’apprenez que je suis mort et je ne m’en suis pas aperçu ? IL me faut aussi des preuves que le monde a changé depuis ma mort, donc nous y allons, je prends ma houppelande Royal Stuart ornée de la fibule des Stuarts (Lord Mac Neil avait gardé une certaine idée de la noblesse) et je vous suis !
Notre « Père Noël » car nous allons le nommer ainsi pour la facilité de la suite du récit n’en crut pas ses pauvres yeux fatigués, il n’avait même pas eu à trop insister ! Il faut dire que Malcolm avait eu une belle peur en apprenant son propre décès !
Voilà donc nos deux compères sortant du château, la neige tombait si fort qu’elle dessinait des étoiles argentées sur la houppelande de Lord Neil, le faisant maintenant ressemblait plus à un magicien qu’à un Lord écossais, ce qui n’était pas pour déplaire au Père Noël ! N’oublions pas que cela se passait dans le fin fond des Highlands écossais !
Malcolm grimpa d’un pas très peu rassuré dans le traîneau, puis arriva à s’installer plus confortablement Car ce n’était pas son poids qui allait donner plus de boulot aux rennes sacrés !
Il eut un petit haut-le-cœur lorsque les rennes s’envolèrent dans les airs mais peu à peu il osa regarder en bas et vit comme des milliards d’étoiles colorées qui brillaient de tous leurs feux en dessous de lui !
Il se souvint de son enfance, on faisait un arbre qu’on décorait avec des bonbons et des bougies !
Il revit la dinde préparée avec amour par sa mère, la vieille Lady Mac Neil et les gâteaux aux fruits secs accompagnés de «beurre au brandy». Il eut un sourire, le passé n’était pas mort si LUI par contre l’était !
Il s’adressa à son compagnon de voyage céleste et lui fit part de ses souvenirs !
«Malcolm, vous êtes sur la bonne voie et vous verrez que vos petits enfants vont être fous de joie ! »
De cela Malcolm n’était pas sur car cela faisait bien 10 ans qu’on ne l’avait plus vu et pour cause, il était mort il y avait 4 ans ! On était en 1997 !
Les rennes filaient un train d’enfer, si l’on peut dire,
et ils arrivèrent en vue de Londres assez vite,
à la grande surprise de Malcolm !
Le Père Noël lui dit qu’il était attendu chez
Harrods pour une représentation enfantine et
quelques photos car ce soir là, le magasin de luxe
restait ouvert très tard, et qu’il devait donc
le laisser faire ses achats, seul !
« Seul ? Mais avec quel argent ? Mon trésor est resté au château et je ne pense pas qu’une maison comme Harrods puisse faire crédit ! »
« Rassurez-vous Malcolm, TOUT a été prévu et vous pourrez rembourser ensuite ! »
Au mot « rembourser » Malcolm eut une espèce de grimace mais il verrait bien en effet ! Il pris son air de Lord et entra par la porte de chez Harrods qui donne sur (6)Kensington High Street, la grande porte quoi !
Un « assistant » l’interpella pour lui demander si « My lord avait besoin d’aide ! », ce à quoi il répondit que c’était très aimable mais qu’il allait faire le tour du magasin et essayer de trouver des cadeaux pour ses petits enfants.
L’ «assistant» n’insista point et Malcolm se retrouva tout de suite au rayon des sucreries qui est un rayon bien à part de ce magasin de luxe mais aussi si bien achalandé et si attractif qu’il serait difficile de passer là sans le voir, une vraie maison de (7)Hantzel et Gretzel !
Malcolm ne savait plus où donner de la tête entre les sucres d’orges multicolores et les chocolats de toutes sortes jusqu’aux chocolats au gingembre qui lui rappelèrent ses séjours en Inde !
Il avait l’argent bien sonnant et trébuchant que lui avait donné ou plutôt confié Le Vieil homme rouge !
Il se décida pour des sucres d’orge à tous les parfums de fruits et a quelques biscuits dans des boîtes recouvertes de ce fameux tartan Royal Stuart !
Mais ce n’était pas tout ! Il fallait penser aussi à la nourriture plus solide, une dinde, des amuse-gueules, des fruits, du fromage ! Il se déplaça sur la droite et accéda tout de suite au rayon boucherie où un éventail de dindes et de chapons bien dodus se présentèrent à lui ! Il choisit un chapon et demanda tout ce qu’il fallait pour le farcir !
(il s’agissait de faire les choses comme il fallait là !).
Les fruits les plus exotiques attirèrent ses regards et il se dit que ses petits enfants ne connaissaient sûrement pas les litchis ou les kiwis, il en commanda donc, et y ajouta mandarines, oranges, noix et pâtes d’amande à profusion ! Il aurait bien continué ainsi car
10 ans a boire du lait, fantôme ou pas fantôme) est une bien longue période après tout !
Mais il devait aussi aller au rayon jouets.
A ce moment là, notre bonhomme de Noël réapparût, ce qui soulagea un peu Malcolm, car il portait un kilt en dessous de sa houppelande et certains le regardaient d’un œil assez moqueur ! Des touristes sans doute, non habitués à voir un vrai Lord en kilt faire ses achats de Noël lui-même chez Harrods !
Le Père Noël le dirigea alors vers un rayon que l’on peu qualifier d ‘extraordinaire » sans exagérer !
Là, au dernier étage du célèbre magasin londonien, une féerie de jouets, cadeaux pour petits et grands enfants se présentèrent à leur yeux ! Du train électrique le plus perfectionné aux poupées genre « petites filles modèles », en passant par tous les jeux vidéos sur le marché et les personnages animés ou même parlant des bandes dessinées depuis leur début jusqu’à nos jours !
Malcolm était très embarrassé et demanda en rougissant à son compagnon de voyage, de combien de petits enfants il était grand-père, un comble mais véridique !
« Trois Malcolm, deux garçons de 5 et 6 ans et une fillette de 8 années, mon cher ! »
« Par Saint Georges, que vais-je bien pouvoir leur offrir pour jouets ? J’ai acheté quelques sucreries au rayon « friandises » mais les jouets, les jouets ? ? ? »***
Le Père Noël, qui en savait un bout sur la question des jouets, n’eut aucune hésitation :
Malcolm, vous allez leur acheter non un jouet ordinaire genre train ou poupée ou jeu de société mais des jouets qui en sont aussi pour les grands, des jouets qui comprennent à eux seuls tous les jouets en un seul, qui vous font voyager sans bouger de chez vous, voir l’Amérique du fond des Indes et les esquimaux sans ressentit la morsure du gel du pôle ! »
« Mon brave ami, un tel jouet existe-t-il ? »
« IL existe Malcolm mais nous allons aller dans un autre rayon pour cela, le rayon informatique ! »
Au mot « informatique » Malcolm une fois de plus se demanda si ce vieux bonhomme rouge et bougon mais bon enfant ne le menait pas en bateau (il n’en était pas loin car en effet Malcolm apprendrai à naviguer à son âge immémoriale !
«Nous allons acheter un des derniers (8)Pentium le MMX le pentium dernier cri, l’ordinateur qui sait tout faire et tout gérer ! »
« Pentium ? Que vient faire du latin là-dedans mon ami rougeoyant ? MMX ? Est-ce un code datant de la guerre des Boers ? »
Là, nôtre bon ami rouge s’esclaffa et rit si fort et si longtemps que tout les gens du magasin les regardèrent comme s’ils avaient vu un fantôme ! (S’ils avaient su !)
Malcolm eut droit à un briefing sur la technologie moderne, sur les écrans en général et les ordinateurs en particulier, leur fonctionnement, leurs possibilités et chaque fois que le Père Noël prononçait un mot nouveau Malcolm le notait sur son calepin parcheminé ! Le Lord n’était point bête, juste très en retard, aussi au bout d’un moment ressortirent-ils avec des cartons de toutes tailles contenant des écrans, des tours (d’ordinateur bien sur), des cartes (mères assurément) et des cartes sons et des cartes 3D et des cartes vidéo et encore et encore des puces par-ci, des puces par-là (au début Lord Neil avait eu une frayeur, lui qui était allergique aux insectes et aux petites bêtes, quand le Père Noël avait parlé des « puces informatiques » !
Il était maintenant beaucoup plus à l’aise et se sentit tout à coup envie d’une bonne (9)Guiness bien mousseuse !
Il demanda à son compagnon de route si il y avait un bon pub aux alentours, ce à quoi Notre Bonhomme répondit que Kensington High Street regorgeait de très bons pubs ! Les voilà donc sortis dans le froid et le vent de Londres avec tous leurs paquets, énormes s’il en est, car l’informatique peut prendre beaucoup de place, et se dirigeant vers un pub appelé
« The golden Unicorn » (la Licorne dorée) .
Ils entrèrent et commandèrent deux pintes de bonne Guiness. La serveuse regarda le Père Noël avec des yeux éberlués mais se dit qu’après tout, ce soir, tous les magasins avaient loué des « pères Noël » et donc les servit ! Malcolm portant le kilt de son clan Royal Stuart attira un peu plus l’attention car il était rare de nos jours à Londres de voir encore des descendants de la famille royale en « habits » !
Mais à Londres, rien ne choque trop et ils sirotèrent leur bière brune tranquillement installés sous un montant de porte sculpté et orné d’une licorne !
A un moment, Malcolm entendit une petite voix qui lui disait :
« C’est bien My Lord, vous vous êtes racheté outre mesure en un soir de votre vie d’ermite avare et aigri ! Je vais en référer au plus haut pour que la grâce vous soit accordée, Joyeux Noël Malcolm ! »
Le Lord se retourna, personne, il demanda au Père Noël si quelqu’un avait parlé mais non, personne ne semblait s’être adressé à eux ou du moins pas à notre bonhomme, qui eut un petit sourire énigmatique à l’évocation d’une « voix entendue » !
IL était déjà vingt trois heures et Noël ou pas la règle est stricte, les pubs ferment à heure fixe ! La première sonnerie de « fermeture » retentit donc (il y en avait généralement trois avant le « couvre-feu » et nos deux compères décidèrent de concert d’aller rejoindre le traîneau qui les attendait garé dans une allée de (10)Kensington Gardens à Rotten Lane, plus exactement !
Une petite troupe en route vers la messe de minuit s’était formée là, croyant qu’un spectacle allait être donné et qui fut bien déçue quand nos deux amis remontèrent comme si de rien n’était dans le « carrosse » et s’envolèrent soudain dans les airs !
Mais un Londonien ne s’étonne plus de rien et à part la déception première, il n’y eut que quelques remarques du style :
« Vous pensez que c’était LUI, le vrai, ou bien un tour monté par le Lord Mayor (le Lord Maire de Londres)pour nous amuser ? »
Les réponses étaient confuses et tous ne pensaient qu’à une chose, la messe et la dinde qui suivrait la messe avec des « mince-pies » (gâteaux aux fruits secs) et un bon Christmas Pudding inondé de brandy et de brandy butter ! (beurre au brandy).
Nos amis étaient déjà presque arrivés car les rennes voyagent vite dans les airs et connaissent leur chemin !
Ils arrivèrent donc en vue de Manchester et le cœur de Malcolm se mit à battre la chamade ! Car tout ce temps où il était à Londres, il avait reprit goût à la vie mais se retrouver devant sa fille et des petits enfants qu’il ne connaissait pas l’effrayait au plus haut point !
Le bonhomme Noël sentit ses craintes et le rassura :
« Je ne serai pas là Malcolm,, tu le sais (on aura remarqué qu’ils se tutoyaient déjà depuis un bon moment) et ce soir, c’est TOI qui va jouer le rôle du père Noël ! Il te faudra montrer de la douceur et de la gentillesse même si ta fille Shany semble vouloir t’envoyer au diable Vauvert ! Il te faudra les amadouer car ils vivent très pauvrement et pourtant ils sont loin d’être dépourvu de bon sens et de qualités intellectuelles ! »
Notre pauvre Lord qui avait repris des couleurs avec la Guiness se sentait redevenir très pâle là, et il dut respirer un bon coup l’air peu respirable qui recouvrait la ville de Manchester !
L’équipage chargé des cadeaux du Père Noël plus ceux destinés aux petits enfants de Malcolm s’arrêta pile dans le square près de la maison de Shany.
Notre vieux Lord osait à peine respirer quand il sonna a la porte où était écrit en lettres enfantines : « Notre havre » ! Au début, rien ne se passa mais au bout d’un moment et d’une deuxième sonnerie, une tête rousse apparût à la fenêtre, puis un grand branle-bas de combat se fit entendre venant de la maison et enfin, la porte s’ouvrit et La « Shany » apparût sur le seuil, suivie de la même tête rousse mais cette fois sur des jambes en pantalons courts ! La jeune femme n’eût pas le temps de réagir ou de prononcer le moindre mot !
Le gamin aux cheveux rouges s’exclama :
«(11) Mummy, Mummy, Santa nous a amené un Highlander grandeur nature pour jouer ! »
Malcolm sentit son sang se glacer (un peu plus encore) dans ses veines !
IL n’y arriverait pas ! Il se tourna vers Le Père Santa, qui lui fit un sourire et lui dit :
« C’est à toi de jouer My Lord, moi, je dois repartir faire ma tournée pour les autres enfants du royaume ! »
Malcolm était affolé, mais le gamin qui devait avoir en effet cinq ans le prit par la main et le fit entrer dans la maison. Là, il vit deux autres bambins tous plus ou moins à la chevelure or rouge qui le dévisagèrent comme si il avait été le vrai Highlander du film, mais vieilli. La « Shany » comprit tout à coup, en voyant la fibule attachée à la cape écossaise !
« Daddy ?C’est toi ? C’est bien toi ? Mais bon sang cela fait plus de dix ans presque qu’on te croyait mort !
J’ai maintes fois essayé de te contacter pour avoir de tes nouvelles mais les serviteurs me disaient chaque fois que tu étais très malade et ne pouvait parler ! »
Notre Lord se sentit encore plus mal à l’aide à ces mots ! Oui il avait donné ordre de dire à sa famille qu’il était au plus mal, et il était coincé là car il ne pouvait pas leur avouer qu’en fait cela tenait du miracle mais qu’il était mort et qu’il risquait de retrouver sa « vie » si il se conduisait enfin en père et en grand-père
Il faisait chaud dans la petite maison très propre de sa fille, et il alla s’asseoir près de l’âtre car il était épuisé de toutes ces émotions, des courses, de la promenade en traîneau, enfin de tout ce qui lui arrivait ce soir là !
Shany lui demanda si il prendrait une tasse de thé, ce qu’il accepta bien vite ! Un bon thé brûlant, pris à côté du tout petit sapin symbolique mais décoré avec amour, lui remettrait un peu les idées en place ! Il parla :
« Mes enfants, je suis votre vieux grand-père et je n’ai connu que votre petit frère alors qu’il n’avait qu’un an ! Je me suis retranché dans le château comme un ermite et un égoïste et qui plus est, il paraît même que je suis mort sans m’en apercevoir ! »
Là, Malcolm avait pris une grande respiration car pour lui, avouer cela était faire preuve de beaucoup d’humilité !
Sa fille le regarda et déclara :
« Daddy, vous êtes en effet très pâle ! Buvez vite ce thé qui vous réconfortera et laissez-nous le temps de comprendre et de nous habituer à la situation aussi rocambolesque qu’elle puisse être ! »
Malcolm était en train de siroter son thé agrémenté d’un nuage de lait lorsque les enfants déboulèrent dans la salle à manger, un paquet à la main que le plus grand tenait serré tout contre lui !
Il pensa qu’ils étaient aller lui préparer un petit cadeau de fortune mais était à mille lieux de se douter de ce que le paquet contenait en réalité !
Les enfants tendirent le paquet grossièrement enveloppé dans du papier kraft et demandèrent au grand-père de l’ouvrir ! Celui-ci le prit et déplia les morceaux jaunis, pour trouver à l’intérieur……..
une sorte de cassette de cuir marron !
Pour le commun des mortels cela aurait ou paraître anodin, un beau cadeau ancien qu’on offre à un « revenant » !
Mais voilà, ce n’était pas un cadeau pour Malcolm ! C’était tout simplement le petit coffre qui était censé être derrière la pierre de la cheminée du château, contenant son trésor ! Il faillit s’étouffer avec un gâteau sec et puis fût soudainement pris d’une colère indescriptible, une colère écossaise quoi !
« Petits garnements, c’est mon trésor que vous venez de me donner ou plutôt de me rendre ! IL était enfoui depuis des années derrière une brique de la cheminée du château et même moi ne pouvais y accéder par manque de force ou de volonté pour aller y puiser quelques sous pour subsister ! »
il reconnaissait la son avarice, il reconnaissait sa mesquinerie et dans le regard des enfants brilla une lueur étrange puis le plus jeune expliqua :
«Allons Grand Dad , vous étiez malade et je jouais dans le jardin du château avec mes frères et tout à coup nous heurtâmes quelque chose de dur ! Prenant cela comme un jeu, nous décidâmes de le ramener avec nous sans l’ouvrir et de le garder en souvenir de vous, car nous ne croyions pas que vous alliez encore rester bien longtemps sur cette terre ! »
Lord Mac Neil toussota puis reprit sa respiration et repensa au vieux domestique qui un soir était en train de bêcher le jardin par une nuit de pleine lune ! Il s’était demandé alors e que pouvait bien faire ce vieux Alfred à pareille heure, mais fatigué et n’ayant plus goût pour rien, il ne chercha pas à comprendre !
Maintenant il saisissait le geste ! Alfred, un voleur ? Alfred ? Son serviteur des bons et des mauvais jours aurait essayer de lui dérober son trésor ? Alfred était mort et Malcolm ne voulait plus penser au passé. Il prit Sean dans ses bras et le serra sur sons cœur presque à l’étouffer ! les paroles dernièrement étendues revenaient à son esprit :
« Malcolm, c’est bien, tu te rachètes par étapes et le ciel va te récompenser ! »
Il reconnut la voix entendue au pub de La Licorne Dorée ! Il arrêta de se poser des questions !
Il voulait aller de l’avant et vite réparer tous ses torts !
Il embrassa toute la famille et les entraîna dehors où gisait encore tous les paquets déposés par Le bon Père Noël !
Vite, il donna la dinde a Shany et lui dit d’aller s’en occuper pour le souper, vite il donna les sucreries a Sean, Martin et Stuart, en leur disant de modérer leur consommation car il avait aussi apporté des gâteaux et toute sorte de bonne chère !
En moins de temps qu’il ne faille pour le dire, Shany hachait, éminçait et sortait à la fois assiettes et verres, l’argenterie, la dernière gravée avec la licorne de cette famille d’anciens marins et flibustiers !
Le dîner fût prêt au bout de deux heures, il était en fait deux heures du matin, mais tous avaient faim et dévorèrent tous les plats qui leur étaient présentés jusqu’au (13)Christmas Pudding, arrosé d’un très bon whisky certainement venu des hautes plaines !
Malcolm était enfiévré et ne cessait de parler du lendemain tout en mangeant de la succulente dinde !
Il allait les emmener tous dans le château pour les fêtes de fin d’année, il fallait qu’il préparent leurs effets pour le début de l’après-midi car il leur faudrait au moins trois heures de train pour arriver sur les landes des Mac Neil et il voulait y être avant la nuit qui là-bas tombe très vite!
Tous furent d’accord ! Ils étaient partis dans un monde féerique où tout devenait possible, où ils retrouvaient un grand père mort mais vivant à la fois, où les fées de Highlands avaient certainement leur mot à dire mais de cela, ils s’occuperaient plus tard ! Ils aimaient leur grand-père de Lord, mais le summum de la joie fut lorsque Malcolm amena sur la grande table le Pentium MMX !
Un seul et unique cri s’éleva alors !
« Nous avons un grand-père mort mais qui s ‘y connaît en technique et il nous apporte juste ce que nous réclamions à notre mère mais qu’ hélas, elle ne pouvait pas nous accorder vu sons maigre salaire ! »
Malcom était aux anges, Le rouge bonhomme avait eu raison , il était moderne ce Père Noël ! Bien obligé avec toute les technologies qu’il avait entr’aperçues dans les magasins de Londres !
Ils se mirent à ouvrir un peu les cartons mais jugèrent mieux d’attendre d’être au château pour installer tout ce matériel ultra sophistiqué !
Ils allèrent dormir pour se préparer à la journée de Noël qui serait sans doute fatigante mais féerique aussi ! Le jour se leva blafard mais les cœurs eux étaient ensoleillés ! Les enfants avaient déjà préparé toutes leurs affaires et puis au pire des cas, ils reviendraient en chercher s’il le fallait !
Ils se dirigèrent donc vers la gare de Manchester, prirent 5 billets pour le Conté des Mac Neil, et comme dans un rêve arrivèrent sans s’en rendre compte au pays des rêves promis par leur grand-père.
Shany trouva le château bien délabré mais son père lui répondit qu’il comptait sur elle pour en améliorer l’état, ce qui la fit rougir jusqu’aux oreilles !
Ils choisirent tous une chambre convenable et les trois gamins se retrouvèrent dans la même ce qui ne leur déplaisait pas car elle était immense !
Shany s’affairait dans le château mais « Daddy » lui dit qu’il allait dès le lendemain s’enquérir d’avoir une servante car il y avait trop à faire c’était plus que sur !
Tout ce qui suivit relève du quotidien, le préparatifs pour le Nouvel An, les achats à nouveau mais cette fois dans les boutiques du coin !
Puis le réveillon arriva. Vous décrire la table prendrait des pages entières, alors imaginez de la vaisselle en or ressortie pour l’occasion de plus de cent ans en arrière, des services en argent massif ciselés comme on n’en trouvait plus, bref le luxe et la profusion ! ce qui changeait bien Lord Mac Neil de sa vie antérieure !
A ce propos, un soir qu’il était sur le porche du château à fumer une pipe en écume, il entendit une voix, la même qu’au pub à Londres encore et la voix disait :
« Malcolm, tu as bien agi, tu mérite ton paradis, mais nous allons te l’accorder d’une façon peu habituelle !
Malcolm tu vas renaître à la vie, redevenir un homme, un Lord bien vivant et bon vivant !
Tu l’as gagné ton Paradis ! Bravo Malcolm ! »
Il entendit un rire et il reconnût aussi celui du « rouge bonhomme » ! Il sourit !
Il avait fait des progrès déjà en technologie et promis à ses petits fils de leur prendre à chacun un abonnement à Internet, les fameuses autoroutes de la communication !
Il ne savait pas où cela le mènerait cette fois mais il commençait à aimer prendre des risques !
Shany ouvrit la fenêtre !
« Daddy regarde, la nature semble nous sourire, la nature ne change jamais Daddy, mais nous nous changeons et TOI, tu as eu une complète métamorphose ! »
Ah pour ça oui, il avait changé et tout cela à cause ou plutôt grâce à un bonhomme Noël auquel plus personne ne croyait selon les dires des gens ! !
Malcolm remit le château sur pied, l’aménagea du plus moderne qu’il put, tout en gardant bien sur les hautes salles aux voûtes ancestrales et les passages secrets où les enfants aiment à aller se balader au désespoir de leur mère qui tremblait toujours qu’ils ne tombent dans la rivière !
Dans le parc, de temps en temps, une licorne aux couleurs mordorées se promène à l’aise comme si elle était chez elle dans ce château, et de temps en temps, un grand rire jaillit auquel Malcolm répond par un :
« Santa, arrête d’effrayer les moineaux, je t’en prie ! »
Mais aucune réponse ne vient, et moi qui vous raconte cette histoire ce soir, je peux vous affirmer qu’elle est tout à fait véridique, car je ne suis autre que le chat Ketty, mort certes mais ange gardien du château, et si par hasard notre bon vieux Lord ne suit pas la « route de briques jaunes » je pousserai un « miaouuuu » si strident qu’il en restera figé sur place pour l’éternité !
Mais il n’en sera rien ! Il y eût un Miracle au Château ce soir là et des miracles le jour de Noël sont peut-être légions mais passent parfois inaperçus !
C’est pour cela que j’ai voulu vous conter cette histoire
Soyez généreux, envers les autres et vous-même, acceptez de donner sans attente de recevoir et le bonheur sera la à votre porte, sans même que vous l’ ayez cherché !
Joyeuses Fêtes !
Le chat Ketty Mac Neil !
NDLR :
(1) Montagnes d’Ecosse
(2) Clan existant en Ecosse
(3) Clan imaginaire
(4) EN Ecosse comme en Irlande il est coutume d’appeler les fils ou les filles par la dénomination « le » ou la » (très familier)
(5) Grand magasin de luxe de Londres
(6) Grande rue marchande de Londres
(7) Personnages de contes connus !
(8) Doit-on expliquer ? ? ? ?
(9) C’est bien la bière !
(10) Partie de Hyde Park au Sud et « sentier » ou passent en général les chevaux.
(11) Il faut garder le « Mummy » (Maman) et « Daddy » (papa) pour ne pas enlever la couleur locale !
(12) Grand-père
(13) Besoin de traduire ?
Catherine Escarras : décembre 1997 @ (T.D.R)
