Le Père Noël n’a plus de manteau !

C’est le soir du 24 décembre, il a neigé toute la journée : le monde a revêtu son manteau blanc. Les maisons, les arbres, les villages sont tout emmitouflés, sous la grande voûte étoilée.

Les lutins se préparent à charger les jouets et les cadeaux dans l'immense traîneau. Dehors, les rennes s’échauffent en trottinant sur le sol blanchi avant le départ de minuit.

La maison du Père Noël est en pagaille... Il y a des jouets partout. Il faut dire que Père Noël n’est pas très organisé ! Des jouets, il y en a dans la cuisine, dans le four, dans le garage, dans les toilettes, dans la baignoire.... Bref, quel désordre ! Ainsi, avec toute cette pagaille, notre bon vieux papa Noël se perd et perd tout !

L’heure du départ approche, il va falloir se préparer. Père Noël écarte du pied quelques paquets, afin de retrouver son beau costume rouge, il cherche dans la cuisine, dans le four, dans le garage, dans les toilettes, dans la baignoire.... mais en vain. Alors, il retrousse ses manches, prend son courage à deux mains et fait place nette en sortant tous les jouets qui encombrent dans son grand jardin enneigé. Mais c’est peine perdue, car il ne retrouve toujours pas son costume rouge et l’heure tourne, tourne, tourne et entraîne avec elle ce pauvre père Noël complètement paniqué à l’idée de faire sa tournée en pyjamas ! Un père Noël en pyjamas, on n’a jamais vu ça ! ! ! !

« Tiens donc ! se dit-il en atteignant le fond d’une armoire, il me semblait pourtant l'avoir posé ici après ma tournée de l'an dernier… C'est ma mémoire qui doit me jouer des tours. »

Il referme la penderie et part chercher le costume rouge dans l'atelier de jouets : là encore, quel bric à brac ! Malgré le rangement des lutins, des jouets cassés, des jouets à réparer, des jouets égarés traînent sur les étagères, sur les armoires, sur les tables et jonchent le sol. On ne peut mettre un pied devant l’autre sans enjamber tantôt une poupée, tantôt un ours en peluche, ou un train électrique … Père Noël enjambe donc, déplace et se fraie un chemin tant bien que mal, jusqu’au placard fourre-tout de son atelier. « Je serais étonné qu'il soit là-dedans, mais sait-on jamais… »

Papa Noël fouille donc le meuble, mais, sans succès...

Et le temps passe et passe et passe, tant et si bien que la grande pendule coucou de la pièce affiche 22 heure 30 !

Notre bon vieux commence à se dire que peut-être, en survêtement, un survêtement rouge, bien sûr... Mais a-t-on jamais vu un Père Noël ainsi accoutré pour faire sa tournée, la grande tournée magique de Noël !

Et le temps passe et passe et passe, tant et si bien que la grande pendule coucou de la pièce affiche 23 heures ! ! !

Impossible de trouver le précieux costume rouge !

Alors le vieux bonhomme tout en paniquant, en s’énervant, regardant sans cesse sa montre, finit par retrouver au milieu de tout ce fatras sa belle et douce écharpe rouge et blanche, mais que mettra-t-il d’autre, car enfin, une écharpe seule ne fait pas un habit de Père Noël !

Et puis, tant pis, à cause de l’heure de plus en plus tardive, le Père Noël se décide à appeler ses rennes. Peut-être auront-ils une bonne idée… ça leur arrive parfois ! Il leur raconte toute l’histoire et conclut :« Si je ne retrouve pas ce costume, c'est une catastrophe planétaire qui nous attend ! »

Tout d'abord les rennes croient à une plaisanterie, car le Père Noël est parfois un peu farceur, mais en voyant la tête du vieil homme, ils comprennent que l'affaire est grave. Ils étaient prêts pour le grand départ, les cornes décorées de boules lumineuses, harnachés de lanières rouges et or, les sabots bien lustrés, les grelots au cou bien étincelants, une chaude couverture sur le dos.

Le renne le plus ancien se gratte les bois de ses sabots : « Comment allons-nous faire, réfléchit-il, car enfin, un père Noël en pyjamas ou en survêtement rouge, ça n’existe pas ! »

Il tourne en rond avec les autres et l’heure tourne aussi, on approche de minuit.

Le Père Noël est en colère tout d'un coup. Le sang lui monte au visage et il s'essouffle à marcher vite dans tous les sens, et les rennes aussi, car aucune idée ne leur vient...Pendant ce temps, les aiguilles de la pendule tournent et tournent et tournent.

Soudain, un renne s’avance et dit : « Débrouillons-nous pour trouver du tissus rouge, où peut-on trouver de l’étoffe rouge dans cette maison ? »

Tout le monde se met à chercher, à fouiller la maison à la recherche d’un tissus pour faire un manteau au père Noël.

Le père Noël se désespère, il s’énerve à enjamber les jouets qui traînent partout et il tombe sur son sac à jouets : il est rouge ! Il s’en empare, le tourne et le retourne dans tous les sens quand soudain, tout au fond du sac, il retrouve une lettre d’un petit garçon. Il la lit, ému... C’est une liste au père Noël. A la fin de la lettre, il voit époustouflé : « ...et comme tu dois te salir, père Noël, en passant dans les cheminées. Comme ton habit doit être noir ! Quel dommage, un si bel habit rouge ! Tu sais, père Noël, quand tu passeras l’an prochain, viens en survêtement ou en pyjamas et je te laisserai un bel habit rouge pour te changer devant chez moi. Tu verras, ma maison, c’est la plus moche, c’est la plus petite, c’est la dernière maison du village .»

Le père Noël bondit de joie ! Il court vers les rennes et appelle les lutins : « Vite, remplissez le sacs, chargez le traîneau, on s’en va !

- Mais, patron, tu n’es pas habillé : un père Noël en pyjamas, on n’a jamais vu ça !

- Lisez cette lettre, leur dit-il enthousiaste, en leur tendant le mot »

Tous la lisent et sautent de joie, toutefois, le plus vieux renne qui conduit le traîneau émet une objection : « C’est la dernière maison de la tournée, patron.

- Tant pis, répondit papa Noël, allons-y et, si le petit m’a bien laissé un bel habit rouge devant sa porte, comme il le prétend, hé, bien, pour sa récompense, il aura le plus beau cadeau de mon sac »

Et c’est comme ça, qu’une nuit de Noël, un pauvre petit enfant, qui avait pensé au père Noël au lieu de penser à lui en premier, fut le plus gâté de tout le village. Mais ça, personne ne le sut, sauf l’enfant et le père Noël, bien sûr... Le père Noël que d’ailleurs on ne voit jamais, car, depuis ce temps, il fait sa tournée en pyjamas, car il veut garder bien propre son bel habit rouge, pour les fois où il fait les photos avec les enfants dans les galeries marchandes.

Et puis, de toute façon, un père Noël en pyjamas, on n’a jamais vu ça !

Eric