Introduction:
C'est l'ensemble des règles d'écriture poétique.
Le Romantisme, puis les autres écoles poétiques du XIXe siècle et du XXe, désireuses de se «libérer» des règles très rigides qu'on avait imposées à la versification au XVIIe siècle (siècle classique), permirent plutôt à la poésie d' inventer encore de nouvelles règles graphiques, syntaxiques, hypertextuelles ouvrant à de nouvelles perspectives esthétiques. Elles modifièrent jusqu'au fonctionnement fondamental de la langue elle-même.
Compter les syllabes | ||
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1-Compter les syllabes :
La versification est attachée au nombre des syllabes. dans les vers.
Il y a aussi la versification rythmique, qui dépend de la place des syllabes accentuées ou atones dans les vers.
Deux difficultés portent sur l'e caduc et sur les Diérèses et synérèses.
Les vers de mesure paire (6, 8, 10, 12 syllabes) ont été à peu près les seuls employés jusqu'aux révolutions poétiques du XIXe siècle.
Il compte toujours comme syllabe, quand il est placé entre deux consomnes :
Quand Colette Colet colie 8
Elle le prend par le colet... 8
Eustache Deschamps
Il ne compte pas comme syllabe devant un mot commençant par une voyelle ou un h muet :
Voyons dans cet octosyllabe:
...
Pour contenter notre désir 8
Et satisfaire à notre attente, Et satisfair'à notre attente 8
Ne faîtes qu'un demi-soupir 8
Et nous en ferons plus de trente. 8
Charles Cotin
L'e ne compte pas suivi des consonnes s, nt :
Tous les vices ont leur tanière, les exquis 10 Tous les vic'ont...
Et les hideux, dans ces déserts de pierres blanches... 12 ... de pierres blanch'
Paul Verlaine
L'e ne compte pas à la fin du vers:
Quand nous habitions tous ensemble 8 Quand nous habitions tous ensembl'
Sur nos collines d'autrefois, 8 Sur nos collines d'autrefois,
Où l'eau court,où le buisson tremble 8 Où l'eau court,où le buisson trembl'
Dans la maison qui touche aux bois... 8 Dans la maison qui touch'aux bois...
Victor Hugo
Dans le vers, l'e caduc, suivi des consonnes s, nt, compte cependant toujours pour une syllabe, même devant une voyelle ou un h muet
Les crépuscules blancs tiédissent sur mon crâne.
Mallarmé
Placé à l'intérieur d'un mot, entre une voyelle et une consonne, l'e caduc ne compte pas.
Je ne t'envierai pas ce beau titre d'honneur. (Corneille)
Quand plusieurs voyelles se suivent dans un mot, il faut savoir combien elles forment de syllabes, car la diction du poème en dépend.
La prononciation en deux syllabes de deux voyelles côte à côte s'appelle une diérèse.
La prononciation en une syllabe de deux voyelles côte à côte s'appelle une synérèse.
C'est d'habitude le versificateur qui décide de la prononciation et non l'étymologie.
C'est une coupure, un repos placé dans un vers après une syllabe accentuée.
...
Mais si quelqu'un venait /de la part de Cassandre; césure due au groupe fonctionnel
Ouvre lui tôt la porte, /et ne la fais attendre; césure due à la virgule et à la conjonction "et"
Soudain entre en ma chambre /et me viens accoutrer... césure due à la conjonction de coordination "et"
Pierre de Ronsard
Dans cet extrait d'un poème de Ronsard, les 3 alexandrins ont une césure entre la sixième et la septième syllabe: Chaque moitié du vers se nomme hémistiche.
Il se produit un hiatus quand deux voyelles, l'une finale, l'autre initiale se rencontrent. Ceci est surtout mal venu lorsqu'une voyelle rencontre une même voyelle:
Il se réveilla à l'aube.
J'ai évité la pluie.
Quand un mot commence par un h aspiré, il n'y a pas de hiatus.
Il me passa sa hache.
Finalement, il faudrait éviter l'hiatus qui choque l'oreille à la diction.
6.1Enjambement:
Une partie du vers suivant, comptant quelques mots est contenue dans le vers précédent :
Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme; l'espoir,
Vaincu, pleure, et l'angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Charles Baudelaire, Spleen
6.2 rejet:
Une partie du vers précédent (quelques mots) est contenue dans le vers suivant.
Le spectacle fini. la charmante inconnue
Se leva; le cou blanc, l'épaule demi-nue
Se voilèrent; la main rentra dans le manchon.
Et, lorsque je la vis au seuil de sa maison
S'enfuir, je m'aperçus que je l'avais suivie.
Alfred de Musset
Le rejet ou l'enjambement permettent de mettre en valeur les mots les plus expressifs, les actions, les impressions importantes.
A la fin d'au moins deux vers, les syllabes des derniers mots comportent un son commun.
Rimes féminines | ||
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La dernière syllabe se termine par un e
Mignonne allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Pierre de Ronsard
La dernière syllabe ne se termine pas par un e
En sa plus verte nouveauté
...
Fera ternir votre beauté
Pierre de Ronsard
Pourtant, nouveauté et beauté sont de genre masculin: la rime n'a donc aucun rapport avec le genre des noms.
On devrait alterner rimes masculines et rimes féminines.
On ne devrait pas faire rimer une syllabe masculine avec une syllabe féminine.
Elle se termine par s,x,z.
Toutes les autres.
On ne devrait pas faire rimer une syllabe plurielle et une syllabe singulière.
Au moins trois sons doivent rimer.
Item mon corps j'ordonne et laisse
A notre grand mère la terre;
Les vers n'y trouveront grand graisse,
Trop lui a fait faim dure guerre!
François Villon
Au moins deux sons doivent rimer.
C'était un peu avant Noël,
Quand on met les jambons en sel.
Le roman de Renart
Un seul son doit rimer.
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux.
Charles Baudelaire.
La rime s'appuie normalement sur la consomne qui la précède.
Quand les rimes masculines et féminines alternent deux à deux
Quand une lueur pâle à l'orient se lève,
Quand la porte du jour, vague et pareille au rêve,
Commence à s'entreouvrir et blanchit l'horizon,
Comme l'espoir blanchit le seuil d'une prison,
Se réveiller, c'est bien, et travailler, c'est juste.
Quand le matin à Dieu chante son hymne auguste,
Le travail, saint tribut dû par l'homme mortel,
Est la strophe sacrée au pied du sombre autel;
Victor Hugo
Elles alternent une à une:
Comme je descendais des Fleuves impassibles
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs. (Rimbaud)
Deux rimes e sont enfermées dans deux autres.
Lecteur, as-tu quelquefois respiré
Avec ivresse et lente gourmandise
Ce gravin d'encens qui remplit une église
Ou d'un sachet le musc invétéré?
Charles Baudelaire
Leur succession est libre, mais devraient garder l'alternance masculine-féminine.
Le crabe sort sur ses pointes
Avec ses bras en corbeille;
Il sourit jusqu'aux oreilles.
La danseuse d'opéra
Au crabe toute pareille
Sort de la coulisse peinte,
En arrondissant les bras.
Jean Cocteau
Elle permet de changer la place des mots dans la phrase, afin de donner une impression plus "heureuse", comme en rejetant à la rime le mot essentiel
De paresse amoureuse et de langueur voilée,
Alfred de Musset
9.1. Le sujet du verbe :
Je fuis, ainsi le veut la fortune ennemie.
Racine
2. Le complément du nom :
De sa tremblante main sont tombés les fuseaux. De sa main tremblante sont tombés les fuseaux.
Voltaire
9.3. Le complément du verbe :
Rien au réveil que vous n'ayez Envisagé de quelque moue Pire si le rire secoue Votre aile sur les oreillés. Stéphane Mallarmé Que vous n'ayez rien envisagé au réveil |
Le temps aux plus belles choses Se plaît à faire un affront; Il saura faner vos roses Comme il a ridé mon front. Pierre Corneille Le temps Se plaît à faire un affront aux plus belles choses
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10-Les allitérations et les assonances:
C'est la répétition des mêmes syllabes ou des mêmes consonnes, ce que l'on appelle allitération,
que Lamartine groupe habilement les s, les l et les r dans ceux-ci :
Sur la plage sonore où la mer de Sorrente
Déroule ses flots bleus au pied de l'oranger;
Lamartine
Un frais parfum sortait des touffes d'asphodèle.
Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala.
Victor Hugo
La cacophonie viendrait souvent de l'emploi de syllabes nasales ou gutturales, répétées dans un espace trop court
En avez-vous jugé Manco Capac capable
Non, il n'est rien que Nanine n'honore.
Voltaire
Les allitérations et les assonances sont souvent employées pour donner des impressions de rapidité ou de lenteur, en même temps qu'elles imitent les sons .
Voici une impression de lenteuret de mystère :
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir
Charles Baudelaire
Le rythme et la sonorité semblent s'accorder aux sentiments :
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.
Paul Verlaine
La strophe est aussi appelée stance.
C'est la division régulière d'un poème, comprenant un certain nombre de vers soumis à un rythme déterminé.
Le distique | ||
11.1 Le distique:
C'est une strophe de deux vers à rime plate.
Des anges moissonnaient à l'heure où bout la ruche.
On voyait sous un arbre et dans l'herbe leur cruche.
On eût dit que le del aspirait de l'amour
Au-dessus des épis débordant le labour.
De temps en temps l'un de ces anges touchait terre
Et buvait à la cruche une gorgée d'eau claire.
Géorgiques chrétiennes de Francis Jammes
C'est une strophe de trois vers.
O fatigue de vivre! encore une journée
Qui recommence! Encore une étape à fournir!
Cette route ne sera jamais terminée!
Le passé me prédit quel sera l'avenir.
L'aube amenant midi, midi le crépuscule,
Dans l'aube blanche, on voit déjà le ciel jaunir.
Marcher, toujours marcher vers, un ,but qui recule,
Le poursuivre, en sachant qu on n y doit pas toucher.
Quel supplice, à la fois atroce et ridicule!
Dante
C'est une strophe de quatre vers.
J'ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
Charles Baudelaire
C'est une strophe de cinq vers :
Hélas! que j'en ai vu mourir de jeunes filles!
C'est le destin : il faut une proie au trépas,
il faut que l'herbe tombe au tranchant des faucilles;
Il faut que dans le bal les folâtres quadrilles
Foulent des roses sous leurs pas.
Victor Hugo
C'est une strophe de six vers.
Lorsque du Créateur la parole féconde
Dans une heure fatale eut engendré le monde
Des germes du chaos,
De son oeuvre imparfaite il détourna sa face
Et d'un pied dédaigneux la lançant dans l'espace,
Rentra dans son repos.
Lamartine
C'est une strophe de sept vers .
Le crépuscule ami s'endort dans la vallée,
Sur l'herbe d'émeraude et sur l'or du gazon.
Sous les timides joncs de la source isolée
Et sous le bois rêveur qui tremble à l'horizon;
Se balance en fuyant dans les grappes sauvages,
Jette son manteau gris sur le bord des rivages,
Et des fleurs de la nuit entrouvre la prison.
Alfred de Vigny
C'est une strophe de huit vers .
Que j'aime à voir, dans les vesprées
Empourprées.
Jaillir en veines diaprées
Les rosaces d'or des couvents!
Oh! que j'aime aux voûtes gothiques
Des portiques
Les vieux Saints de pierre athlétiques
Priant tout bas pour les vivants!
Alfred de Musset
C'est une strophe de neuf vers .
Et les champs, et les prés, le lac, la fleur, la plaine,
Les nuages pareils à des flocons de laine,
L'eau qui fait frissonner l'algue et les goémons,
Et l'énorme océan, hydre aux écailles vertes,
Les forêts de rumeurs couvertes,
Le phare sur les flots, l'étoile sur les monts,
Me reconnaîtront bien et diront à voix basse :
«C'est un esprit vengeur qui passe,
Chassant devant lui les démons! »
Victor Hugo
C'est une strophe de dix vers.
Apollon, à portes ouvertes,
Laisse indifféremment cueillir
Les belles feuilles toujours vertes
Qui gardent les noms de vieillir.
Mais l'art d'en faire des couronnes
N'est pas su de toutes personnes,
Et trois ou quatre seulement,
Au nombre desquels on me range,
Savent donner une louange
Qui demeure éternellement.
Malherbe
Comme le vers, la strophe a son unité rythmique accordée avec le sens.
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12.1 Le rondel, fort en honneur au Moyen Age, est encore, mais rarement, employé.
12.2 Le sonnet a été la forme fixe la plus populaire parmi les poètes .
12.3 Le haïku , né de la littérature orientale.
12.4 Le rondeau :
C'est un poème de treize vers sur deux rimes, avec une pause au cinquième et une au huitième, et dont le ou les premiers mots se répètent après le huitième vers et après le treizième, sans être eux-mêmes des vers.
Le rondeau, fort en honneur au XVIe et au XVIIe siècle, est encore quelquefois employé.
Le rondeau redoublé se construit sur deux rimes et se compose de six quatrains à rimes croisées, commençant alternativement par la rime féminine et par la rime masculine.
Les vers du premier quatrain forment successivement le quatrième vers des quatrains no 1, 2, 3, 4 et 5.
Le sixième quatrain se complète par un refrain formé des premiers mots du rondeau.
Si l'on en trouve, on n'en trouvera guère
De ces rondeaux qu'on nomme redoublés,
Beaux et tournés d'une fine manière
Si qu'à bon droit la plupart sont sifflés.
A six quatrains les vers en sont réglés
Sur double rime et d'espèce contraire.
Rimes où soient douze mots accouplés,
Si l'on en trouve, on n'en trouvera guère.
Doit au surplus fermer son quaternaire
Chacun de vous au premier assemblés,
Pour varier toujours l'intercalaire
De ces rondeaux qu'on nomme redoublés.
Puis par un tour, tour des plus endiablés,
Vont à pieds joints, sautant la pièce entière
Les premiers mots qu'au bout vous enfilez,
Beaux et tournés d'une fine manière.
Dame Paresse, à parler sans mystère,
Tient nos rimeurs de sa cape affublés :
Tout ce qui gêne est sûr de leur déplaire,
Si qu'à bon droit la plupart sont sifflés.
Ceux qui de gloire étaient jadis comblés,
Par beau labeur en gagnaient le salaire :
Ces forts esprits, aujourd'hui cherchez-les;
Signe de croix on aura lieu de faire
Si l'on en trouve.
P. Mourgues
C'est un poème de huit vers, généralement des octosyllabes.
Le premier, le quatrième et le septième vers sont les mêmes, d'où le nom de la pièce;
de même, le second vers est repris au huitième.
Les tercets doivent être écrits sur deux rimes.
Le premier vers du premier tercet forme le troisième vers des strophes 2 et 4, etc.
Le troisième vers du premier tercet forme le troisième vers des strophes 3 et 5, etc.
Ces deux vers figurent ensuite dans le quatrain final.
J'ay perdu ma tourterelle.
Est-ce point elle que j'oy?
Je veux aller après elle.
Tu regrettes ta femelle;
Hélas aussy fay-je moy :
J'ay perdu ma tourterelle.
Si ton amour est fidèle,
Aussy est ferme ma foy;
le veux aller après elle.
Ta plainte se renouvelle;
Toujours plaindre je me doy :
J'ay perdu ma tourterelle.
En ne voyant plus la belle,
Plus rien de beau je ne voy :
Je veux aller après elle.
Mort, que tant de fois j'appelle,
Prends ce qui se donne à toy :
J'ay perdu ma tourterelle.
Je veux aller après elle.
villanelle de Passerat
Sa forme:
Dans sa forme régulière, la ballade est un petit poème composé de trois strophes.
Toutes les strophes ou couplets sont sur les mêmes rimes, et les rimes ne sont qu'au nombre de trois dans le poème entier.
Les rimes sont réparties selon la structure ABAB BCBC ou ABAB BCC DCD.
Le dernier vers de chaque strophe et de l'envoi est le même et se nomme refrain.
Le plus souvent, la ballade comporte ou des strophes de huit octosyllabes avec un envoi de quatre vers, ou des strophes de dix décasyllabes avec un envoi de cinq vers.
Le couplet, grâce à des rimes redoublées, peut avoir jusqu'à douze vers.
Des contraintes formelles :
Les contraintes formelles, qui exigent du poète une grande virtuosité, servent à créer un certain nombre d'effets :
1)Les rimes disposées selon un ordre prédéterminé donnent au poème une unité sonore.
Elles peuvent aussi créer des liens de sens entre les mots qu'elles rapprochent.
2) Le refrain sert à marquer l'idée ou le thème de la ballade, pour insister sur une souffrance :le poète évoque souvent, dans la ballade son propre malheur.
Les sujets abordés :
Les sujets abordés dans la ballade sont très variés:
- la vie politique
- les mœurs dans la société
- la condition de l'homme
- la religion
- l'histoire personnelle du poète, etc.
Mais le sujet qui revient le plus souvent, c'est évidemment la vie amoureuse...
Elle est traitée comme dans les chansons des troubadours du XIIIe siècle), donc suivant la tradition courtoise.
Le poète évoque les joies et surtout les peines que lui donne son amour pour une femme de préférence lointaine.
Le lyrisme:
La ballade est une forme privilégiée pour le lyrisme personnel. Mais, à la différence des poètes romantiques, le poète du Moyen Âge n'écrit pas gratuitement, pour lui-même, sans souci des autres. Il fait partie d'une communauté, il vit dans le monde et non hors du monde: sa ballade ou sa complainte est toujours adressée à quelqu'un. C'est pourquoi la ballade se termine par ce qu'on a appelé l'envoi: le poète envoie justement son texte à un prince, un seigneur, à une personne aimée...
Il raconte sa vie intime ou s'apitoie sur son malheur pour toucher cette personne, pour attirer sa pitié ou sa douceur.
Origines.:
- Le mot ballade vient de l'ancien provençal ballada, qui signifie "danse": la ballade était à l'origine, aux alentours de 1250, une chanson de danse; elle était inséparable de la musique.
La ballade était fort en honneur au Moyen Age.Le maître en ce genre restera toujours François Villon, qui écrivit la célèbre Ballade des dames du temps jadis, et celle, peut-être plus belle encore, qu'il composa au moment où il s'attendait à être pendu (l'Épitaphe Villon). La voici :
Frères humains, qui après nous vivez,
N'ayez les cuers contre nous endurcis,
Car si pitié de nous povres avez
Dieu en aura de vous plus tost merci;
Vous nous voyez cy attachez, cinq, six;
Quant de la chair, que trop avons nourrie,
Elle est pièça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et pouldre.
De nostre mal personne ne s'en rie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre.
Se vous clamons frères, pas n'en devez
Avoir desdaing, quoyque fusmes occis
Par justice. Toutesfois, vous sçavez
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le Fils de la Vierge Marie.
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale fouldre;
Nous sommes mors, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre.
La pluye nous a débüez et lavez.
Et le soleil desséchiez et noircis.
Pies, corbeaulx, nous ont les yeux cavez,
Et arraché la barbe et les sourciz,
Jamais nul temps nous ne sommes assis;
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charie,
Plus becquetez d'oyseaulx que dez à couldre
Ne soiez donc de nostre confrairie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre,
Prince Jhesus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ayt de nous seigneurie,
A luy n'ayons que faire ne que souldre;
Hommes, icy n'a point de mocquerie;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre.
François Villon